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balises
Cahiers de poétique des archives
& musée de la littérature
n. 9-10: "dire le mal 2"
Bruxelles, 2006

Contiene dieci poesie tradotte in francese
scritte nel 2004 e poi, riviste e modificate, confluite nella raccolta
Il male inconsapevole
(Il Ramo d'Oro, 2006)


Et ce n'est pas moi qui souffre masi l'autre
l'habituel singe millénarie
que se reflète dans le miroir et pleure.

Jorge Eduardo Eielson

SNIAVISCOSA

Ils ont de cicatrices partout et le regard qui se dilate
encastré entre les doigts des pieds nus et des mains
des escargots sortis de leur coquille à cause de ce panorama
de baraques et de cartons qui entourent la marana.
Ils ne gémissent pas les murs suintants de la vieille usine
parce que les cadavres cachés ici en dessous la rendent utile
d'une certaine manière on y travaille encore, on y survit
il y a même du ling étendu sur des fils de fer rouillé
des feux avec dessus la soupe de légumes wurstel ou fayots.
Presque tous de l'Est avec sur le visage le gifles des rayons du soleil
peu l'Africains: ils y restent trois jours puis ils défaillent
parce que leurs corps humiliés ne réussissent pas à être tranquilles
à cause de ce rêve qui dure encore...
ici dans l'enfer restent ceux
qui ont tout perdu
et n'ont rien trouvé
si ce n'est le tôles, les déchets, les portes d'air
la marana de la rue Prenestina enfouie sous les ruines
de l'ancienne usine et là, l'été, ils grimpent sur des coutils
en équilibre pour défier la mort en se plongeant dans l'eau
attentifs à ne pas se cogner la tête dans la petite profondeur.
Ce sont des acteurs, qui ensuite refont surface et qui montrent
leurs rares dents cariées et sortant d'une bouche qui salue
serrée, de travers, et leur langue qui se mêle
- Dante aurait sûrement aimé - par fragments à la langue italienne.


DIALOGUES SILENCIEUX

Tu t'amuses avec des discours et des concepts
dénués de sens
et peut-être ton père, derrière la porte,
est-il justament en train de se moquer de nous.
Je m'en aperçois à la marque des dents
laissée sur la croûte du pain
par la bouche qui tremble
sirotant un mélange de souvenirs.

Nous aurions dû transpirer
plus longtemps
nous ne serions pas maintenant ici en train de nous ennuyer
avec cette respiration essoufflée
le coeurs fermés
le regard oblique
qui fuit le regard de l'autre.

Il y celui qui a souffert pour nous
inconsolé il a pleuré au long des jours
je l'ai compris à l'odeur de l'eau
marine qui borde les falaises
du sentier asphalté passant la frontière
dans le labyrinthe d'orties et d'épines
dans un champ plein de croix.

Et pourtant nous aurions dû
parler plus et longtemps
contredire avec des millions de phrases
le silence qui nous décolle les mains
et laisser vivre l'amour
entré en nous
pour nous secouer, pour saccager.


LE SOLEIL DANS UN TROU

Dans le rue il y avait un estgropié
aveugle de naissance
nous faisions semblant de ne pas le connaître
et nous étions tranquilles, cachés
derrière la maison à discuter
à mastiquer du chewing-gum américain.

Puis il y eut une averse redoutable
qui arracha la poussière des rues
dilua les couleurs des murs des palais
creusa les potagers des pensionnés
le jardin de la grand place
maltraita des arbres au tronc grêle
le vent plia même un réverbère.

L'esropié se mit alors à courir
avec le mains qui tâtaient
le vide qu'il n'avait jamais vu
et qui depuis toujours l'entourait.
Nous faisions mine
de ne pas la connaître
nous restions cachés
dans la mison abandonnée
nous riions et nous regardions la rue
nous fumions une cigarette après l'autre.

Depuis lors le soleil n'est plus sorti
nous devions faire la file pour le voir
étranglé au fond d'un trou
                                   tout au fond.


BREF RAPPORT APRÈS LE DÉLUGE

Des efforts inadéquats
rendent inutilisables
les pompes hydrauliques
les tubes cathodiques.

Ils trouent les réservoirs
ils fondent les valves
ils font sauter en l'air
le décharges des toilettes.

Les baraques sont inondées
comme les appartements de luxe
le condominio
s'enfonce dans la vase
et la ville flotte
sur une espèce de radeau.
On dit que c'est
seulement le début
que sous peu nous serons
complètement immergés
et chaque barque
chaque épave
glissera dans le vide.

Il est urgent alors de savoir:
à quoi sert
de rester
avec le doigt dans le trou?


PILLAGES

entre les pierres des maisons et des rues il y a les visages
de torturés qui lancent un signe de salut.
les populations soumises sont trop nombreuses
pour cela, on les prive du don des virgules et des points
mais elles ne veulent pas garder la tête penchée
elles arrachent la chair de leurs dents
elles lèchent l'eau de la glace et du toit.

j'ai passé mes années de jeunesse à enregistrer
les libertés non vendues les bruits les sons de l'herbe et des bêtes
j'ai pillé l'air la terre la musique et, enfin, la mort.
l'homme au regard rusé cherche le contrôle automatique
des émotions et il y en a qui deviennent muets, qui espionnent mais moi j'écoute
la voix des enfants qui ne jouent pas mais te regardent
quand ils entrent en boitant sur la place du village
tranformé en un désert sans pétrole ni sable.
depuis toujours on tue pour émouvoir un dieu
mais ce jour-là, il n'était pas là
les prières en réserve venainent de s'épuiser.
Peut-être n'est-ce pas la bonne route
tu me le dis pendant que tu m'observes avec des yeux méchants
mais moi je ne peux te répondre qu'en admirant
le corps égoutté de la ville éternelle
les dessins des nuages qui ont le souffle court
comme d'un voyage ajourné trop longtemps.
entre les pierres des maisons et des rues, j'ai continué à voir
les visages des supplciés qui t'offrent des regards de terreur
et des hurlements inhumains à cause de morsures des chiens
parfaitement dressés. Seule la langue se cogne
à la pourriture pendant ce temps le reste demeure inchangé
même s'il est séparé mis à l'écart, abîmé
et alors comment espérer le chant de celui qui raconte?

je balafre les murs les plafonds les tentures les tableaux les couleurs
ainsi le regard peut s'y couler ensuite et pour en peu
s'éteindrait le contrôle robotisé du mal et du bien.


LACS ARCTIQUES

Nous aurions donc abattu des tours
de Babel, les cruelles incompréhnsions
les dialogues: mots compressés
jatés là
comme un sac de farine
déformés par le coups, les poings
mais elles étaient bien placées le sentinelles
armées de mitraillettes, de bombes et de couteaux.

Trop risqué
s'approcher de l'eceninte électrifiée
se pencher à la fenêtre
ou s'arrêter sur le seuil d'un four.

Nous voulions des rapports plus francs
réduits à l'os, égouttés
au contraire nous avonz été renversés
par la sécheresse
par une façon de vivre inondée
et nous nous sommers restreints
jusqu'à montrer le revers
d'un crâne
cassé en plus d'un point.

Allongés sur la barque peinte en blanc
prostreés, avec le bras pendants
le nez rougi
le visage tuméfié par le froid.

Les indifférences réciproques avaient élevé
de hautes palissades de terreur: des digues infranchissables
retinrent le torrent impétueux de l'amour
qui fut nôtre, allé à mal, coulé en aval
à cause de cela s'en libérer
devint le but prioritarie
                                   de notre voyage gelé.


ARAIGNÉES

la boue de la périphérie ce soir distillait de étoiles
en naîtra-t-il de nouvelles
de plus belles?
peut-être plus grandes et lumineuses
et alors nous saurons les vérités multiples sur des faits irréguliers
qui se sont toutefois révelés (ou qui se révéleront
dans une dizaine d'années) beaucoup plus banales que prévu:

par exemple le portable disparu du bureau
la bague laissée dans les toilettes et jamais retrouvée
les croix gammées sur la voiture neuve du directeur
du personnel qui n'est même pas juif
ni de gauche, le fils de Lucia
on ne sait rien de son père (peut-être un Albanais puisque blanc)
ou si toi cette fois tu couchais vraiment avec Claude
comme tu me l'avais raconté pour me faire très mal
maintenant même si tout cela est passé tu dois savoir que vite
notre ville sera piétinée par l'ennemi
ou submergée par la boue que distillent les étoiles
et pour entrer à la maison tu devras au moins déblayer un mois durant.

La lune est la créature difforme sans tête ni jambes (le sexe
reste un énigme) étroitement liée à ce dictionnaire
nouveau qui nous donne une rubrique disparue sous le rayons qui brûlent la peau.
je t'ai salutée à l'entracte (c'etait une comédie - non des plus belles -
de Goldoni) et puis encore à la fin du spectacle et toi tu as insisté
dans le rôle exaspérant et grotesque de faire semblant de ne pas me connaître
de m'ignorer et moi qui étais là à attendre ton regard je t'ai même
souri longuement et fait de excuses. Des excuses je ne sais même pas pourquoi
peut-être de t'avoir ennuyée la fois où j'ai mis ma lengue dans la bouche.
tu as toruné ton dos nu et une seconde après tu parlais déjà
avec ta soeur lesbienne et jamais tu ne sauras, oh quelle satisfaction!
que tu avais sur la tête une araignée velue qui leste te dévorait le cheveux.


UNE LAGUNE OU PRESQUE

Ici je ne reviendrai plus
je trouve ça sculpté
dans une pierre aiguisée
qui lente roule au bas
de la rue inondée.

Nous sommes encombrants
Je réclame l'envie
d'exister et on est calmes parmi la foule
entre des gens si différents et étranges
que nous ne connaissons pas et qui scrutent
entre nos mains croisées
nos regards lucides et félins.

Ni passion ni lutte
des ennemis presque indifférents
on passe, on attend
le ciel aujord'hui est une tombe
basse et lisse
la pluie nous tourne autour
pour cette raison les muscles
des étoiles et de la lune
sont d'un jaune pressé.

Et pourtant je t'aime
et ne me hais pas
si je te le cache.


SONATE ROUGE POUR VICTOR

tu étais à un pas de moi tu consumais en silence tes mains sur le feuilles
tu faisais semblant de ne pas me voir ou plutôt tes lunettes t'amenaient
à être loin de ce moi qui un jour te vola du temps
dans un bar tout près de la gare.
c'est que moi j'y tenais vraiment à te voir à te saluer à savoir comment tu allais
et puis là, sous la statue de giordano bruno si gris
comme frappé par l'air de Rome
avec le autres en train de lire des vers
parfois troublés mais avec à l'intérieur pureté et passion
comme s'ils ne s'éteignaient jamais et continuaient à se parler et à rire sous cape
puis ceux assis avec leurs têtes à la de chirico: lucides incrustées de dentelles et sérieuses
le profil de professeurs constipés qui n'ont jamais envie de souffrir
et qu'ici victor cavallo ne les aurait certes pas voulus, ou peu s'en faut
puis le vin rouge qui était un mélange
de maux endémiques etla place
vide même si les gens arrivaient encore dans une grande cohue pour entrer
pour cette raison mes pensées de haine et d'amour avant de partir je les laisse
dévidées par terre, je les offre à ce spectacle déjanté
qui a trop à voir avec un vieux bistrot du trastevere et puis un jour ils diront
voilà tu avais raison même si la faute continuera à n'être qu'à toi
et maintenant ici au campo de' fiori tu dois le reconnaître
même si tu continues à marmonner en mordillant ta bouche.


DELTAPLANES

Comment fait-on pour survivre
enfermés dans des grottes archaïques
enfoncés dans des divans profonds
décidés à faire fonctionner
avec la télécommande
tous les appareils électrodomestiques.

Sur les appuis de fenêtre des maisons
poussent des champignons hallucinogènes
des bras qui tirent la corde
dans la direction du vent
un élastique extensible
à plaisir
il suffit seulement
de le humer en pensée.

Avant tout la clarté
sur l'ombre mobile
projetée sur les édifices:
comment fait-on pour voler
sans ailes
sans moteur?

Hélice délirante la question
la nuit entière enlacée
au bourdonnement excitant
de la maison de ciment.

Le singe millénaire
dérangé par le temps
trépigne au miror
entre violence et supplice.



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